
Le soufisme est l’école de la mise en pratique des principes divins. Il implique une illumination intérieure, non un raisonnement intellectuel ; il passe par la révélation (Illumination) et le témoignage, non par la logique. Par principes divins, nous nous référons à de principes qui transcendent les simples conventions sociales, une manière d’être qui vise à mettre en pratique les qualités de Dieu.
Le soufisme
Le soufisme désigne en islam le cœur spirituel de la tradition islamique. En français, le terme soufi regroupe plusieurs voies de l’islam hétérodoxe, comme l’alevisme, le mevlevisme. Il s’agit d’une voie d’élévation spirituelle par le biais d’une initiation dit tassawuf ou tariqat. Le mot taçawwuf ou tassawuf peut se traduire par « initiation ». Le Taçawwuf comprend non seulement la haqîqah mais aussi l’ensemble des moyens destinés à y parvenir, appelé tarîqah – « voie » ou « sentier » – conduisant de la chariyah vers la haqîqah, c’est-à-dire de l’« écorce » (el-qishr) vers le « noyau » (el-lobb) par l’intermédiaire du « rayon » allant de la circonférence vers le centre. Le soufisme est présent, depuis les origines de la révélation prophétique de l’islam, à la fois dans les branches sunnite et chiite, bien qu’il ait pris des formes différentes dans les deux cas.
En 2016, un concile, inauguré par le grand imam de l’Azhar, Ahmed al-Tayeb, rassemblant 200 personnalités sunnites du monde entier, s’est réuni dans le but de définir l’identité de ceux qui se font connaître comme « les gens du sunnisme » par opposition aux différents groupes considérés égarés. A l’issue de leurs travaux, les dignitaires sunnites ont convenu qu’au niveau de la gnose, des manières et de la purification spirituelle, les soufis de l’imam Junaid al-Baghdadi sont des gens du sunnisme.
Expliquer ce qu’est la Vérité-Réalité est une tâche difficile. Les mots sont trop limités pour pouvoir réellement exprimer la perfection de l’Absolu, de l’Illimité. Ainsi, pour ceux qui sont imparfaits, les mots peuvent susciter des doutes et malentendus. Toutefois :
Si l’on ne peut pas boire tout l’océan,
Au moins peut-on boire jusqu’à sa propre limite.
Les philosophes ont écrit des centaines de volumes et parlé sans fin de la Vérité, mais leurs efforts ont en quelque sorte toujours été insuffisants. Pour le Soufi, les philosophes sont ceux qui perçoivent la Perfection de l’Absolu mais d’un point de vue limité. Tout ce qu’ils voient n’est qu’une part de l’Absolu, non l’Infini dans toute son entièreté. Il est indéniable que ce que perçoivent les philosophes est juste. Cependant, ce n’est qu’une part du tout.
Il y a une célèbre histoire de Roumi au sujet d’un groupe d’hommes Indiens qui n’avait jamais vu d’éléphant. Un jour, ils arrivèrent en un lieu où se trouvait un éléphant. Dans l’obscurité totale, ils s’approchèrent de l’animal et le touchèrent. Puis, chacun partagea ce qu’il avait ressenti. Celui qui avait touché la jambe, se représentait l’éléphant comme un pilier. Celui qui avait senti l’oreille, décrivit l’animal comme un éventail, et ainsi de suite… Chacune de leur description, tenant compte des différentes parties qu’ils avaient expérimentées, était juste. Cependant, pour arriver à une description précise de l’ensemble, leurs témoignages s’avéraient insuffisants. S’ils avaient eu une bougie, de tels écarts de perception ne se seraient pas produits. La lumière de la bougie aurait révélé l’éléphant dans sa globalité.
Ce n’est qu’à la lumière du Chemin Spirituel (Acheminement spirituel – Tariqât) et de la Voie mystique que la Vérité-Réalité peut être trouvée. Pour pouvoir véritablement expérimenter la perfection de l’Absolu, il faut voir avec son oeil intérieur car lui seul est capable de percevoir la Réalité dans son ensemble. Cette expérience se vit lorsque l’on devient parfait, et que l’on dissout son existence (partielle) dans le Tout. Si l’on compare le Tout à l’Océan, et la part à une goutte d’eau, le Soufi dit que voir l’Océan avec l’œil d’une goutte d’eau est impossible. Néanmoins, lorsque la goutte ne fait plus qu’un avec l’Océan, elle voit alors l’Océan avec les yeux de l’Océan.
La confrérie Nématollahi
Ô cœur, il n’y a qu’une seule Voie d’amour;
Au pays de l’amour, l’esclave est le roi sont un.
Tu ne pourras comprendre que Nematollah est un,
À moins que tu n’abandonnes la dualité sur la Voie de l’amour.– Shah Nimatullah Wali
De même que tous les ordres soufis authentiques, l’ordre Nematollahi est issu d’une chaîne initiatique qui remonte aux débuts de l’Islam, le Prophète étant considéré comme le premier maître soufi. Le mot Nematollahi est dérivé du nom de Shah Nimatullah Wali, qui fonda l’ordre à la fin du XIVe siècle après J.-C. ; et qui fut l’un des plus grands maîtres soufis d’Iran.
Dans le domaine du soufisme, le travail accompli par Shah Nématollah apporta un souffle nouveau au soufisme, enrichissant ainsi la culture Islamique, en particulier en Iran. Non seulement il fut le guide d’un grand nombre de disciples, mais donna l’exemple en continuant son travail de fermier, montrant ainsi a ses disciples que de continuer son travail est la meilleure des formes d’autodisciplines. Il montra de façon active que le chemin qui permet de purifier son coeur et de se libérer de son ego repose sur le service à la société et la bonté envers les autres êtres humains. Sous sa supervision, les disciples apprirent à être occupé avec dieu tout en vivant au sein de la société, mettant ainsi en pratique le principe de « solitude en compagnie des autres ». Suivant son exemple, ses disciples abandonnèrent un mode de vie spirituel privilégiant la réclusion et la retraite pour embrasser une vie remplie d’occupations constructives. L’opposition de Shah Nématollah à l’apathie et à la léthargie s’étendit jusqu’a interdire l’utilisation de l’opium et du haschisch parmi ses disciples, à une époque où ces drogues étaient d’utilisations communes aussi bien par les soufis que par les non-soufis.
Un autre apport de Shah Nématollah, lié au fait que tout soufi doit avoir une occupation, est l’interdiction de porter en publique un costume qui pourrait attirer l’attention. Son point de vue était que pour se développer intérieurement, le soufi doit être libre de toute prétention ou ostentation; il doit s’efforcer d’arriver à un état neutre. Shah Nématollah considère que le fait d’être noble ne consiste pas à attacher de l’importance aux habits que l’on porte, mais plutôt d’être gracié par des attributs divins. Shah Nématollah ouvra non seulement les portes de sa générosité a tous les chercheurs et aspirants à la vérité, ainsi qu’à ses propres disciples, mais rendit aussi hommage à tous les peuples et nations, ainsi qu’aux autres ordres soufis existants, en basant ses actions sur un code de pureté et de fidélité. Shah Nématollah suivit la voie de ses prédécesseurs en évitant de séparer la tariqat (la voie spirituelle) de la shari’at (la loi Islamique), selon sa croyance que la haqiqat (Réalité) ne peut-être atteinte que par l’intégration des deux.
Les maîtres de l’ordre Nématollahi qui succédèrent à Shah Nématollahi résidèrent en Inde jusqu’à la fin du 18ème siècle. Le centre de la confrérie fut de nouveau centré en Iran avec l’arrivée de Sayyed Ma’Sum ‘Ali Shah Dakkani en 1775. Depuis lors, l’ordre Nématollahi est resté basé uniquement en Iran, et la majorités des soufis Nématollahi sont iraniens et vivent en Iran. Après la mort de son maître Munes ‘Ali Shah Dho’r Riyasatain, Dr. Javad Nurbakhsh devint le maître de l’ordre des soufis Nématollahi. Durant ces 35 dernières années, Dr. Nurbakhsh a établi plus d’une centaine de khaniqahs et a ouvert de nombreuses bibliothèques et musées à travers l’Iran. Dans les années 70, un certain nombre d’américains et d’européens allèrent un Iran et furent initiés dans l’ordre Nématollahi. De retour dans leurs pays respectifs, ils éprouvèrent le besoin de se réunir, ce qui donna lieu en 1975 à la première khaniqah non iranienne, fondée à San Fransisco. Depuis lors, d’autres khaniqahs ont été établis à travers les Etats-unis, l’Europe, l’Afrique et l’Australie. Ces centres spirituels sont des oeuvres charitables à but non lucratif, dont les finances sont inspectés par le gouvernement. Les besoins financiers de chaque khaniqha sont gérés par les soufis qui y vivent. Une contribution mensuelle permet de faire face aux besoins de la khaniqha, l’éventuel surplus étant utilisé pour la mise en place de nouvelles khaniqah.
Dr. Javad Nurbaksh, maître de l’ordre soufi Nématollahi
Il est décédé vendredi 10 octobre 2008. Ayant quitté Téhéran en 1979, et ayant beaucoup voyagé au Etats-Unis, il s’installa finalement en Angleterre en 1986, et ne retourna jamais en Iran où l’Ordre continue à prospérer malgré les tentatives officielles pour renier l’esprit des soufis iraniens. Dr Nurbakhsh est né le 10 décembre 1926 à Kerman, ville que les soufis appellent affectueusement « Capitale de la pauvreté spirituelle ». Shah Nématollahi, le fondateur de l’ordre qui porte son nom disait de Kerman que c’était « le cœur de l’univers ». Dr Nurbakhsh était le descendant du Sheykh Kamal ad-Din Nurbakhsh, l’un des brillants maitres de l’Ordre Soufi Nurbakhshi, sur la tombe duquel le centre soufi actuel de Kerman fut construit.
La confrérie Soufie Nématollahi
La confrérie Soufie Nématollahi est une discipline spirituelle dédiée au service désintéressé et à l’amour de tous les êtres humains. Les bases de notre spiritualité résident dans la pratique constante du souvenir de Dieu en pensée, paroles et actions. Nos principes trouvent leur racine dans la tradition de la chevalerie (futuwwa en arabe et javanmardi en Persan) du Moyen-Orient, dans laquelle les relations entres membres de la confrérie est basé sur le service désintéressé et la considération pour les autres avant tout.
Sous la direction et l’initiative de feu Dr. Javad Nurbakhsh, maître de la confrérie Nématollahi, la confrérie a établie des centres caritatifs dans tous les centres soufis établis de part le monde, afin d’aider du point de vue social et économique les communautés locales.
Nos portes sont toujours ouvertes aux chercheur sincère à la recherche de guidance spirituelle et de service désintéressé. Les personnes interessé sont invités à contacter le centre le plus proche de leur lieu de résidence pour une éventuelle rencontre.
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