
Apparu en Russie au XVIIIe siècle, le samovar est aujourd’hui présent dans la plupart des maisons d’Asie centrale, et notamment en Iran, où il permet de garder le thé chaud malgré les rudes hivers de Téhéran. Un objet fascinant, à la hauteur de son histoire.
Le terme « samovar » (« самовар » en russe) pourrait se traduire littéralement par “celui qui bout seul” : il permet en effet de préparer le thé et de le garder bien au chaud, histoire d’en avoir toujours sous la main pour soi ou pour ses invités. Dans cette cérémonie si particulière – et très différente de ce que l’on peut trouver en Inde, au Japon ou en Chine –, boire le thé n’est pas une fin en soi : c’est sa présence qui réconfortante, le fait qu’il soit illimité et prêt à accompagner les retrouvailles entre amis ou les lectures en solitaire pendant les longs soirs d’hiver.
Le samovar consiste en un réservoir d’eau chaude, un petit robinet central et – cerise sur le gâteau – une petite théière qui sert à préparer le “sirop de thé” : une sorte de thé infusé très fort qu’on mélange ensuite à l’eau chaude. On faisait auparavant bouillir l’eau au charbon ou gaz, mais aujourd’hui les samovars modernes fonctionnent à l’électricité.
Chacun se ressert en thé selon ses envies et, en Iran, on le mélange généralement avec du miel ou bien on y trempe un nabât – un petit morceau de bois sur lequel sont agglutinés de cristaux de sucre jaune safran et qui fondent au fur et à mesure dans la tasse, le temps qu’on poursuive la conversation. Le thé ne se boit pas seul mais s’accompagne aussi de fruits et légumes (dattes, oranges, pommes, grenades, concombres salés), de pistaches ou de nougats. Essayer cet apéro à l’iranienne, c’est l’adopter : il permet de ponctuer la journée, écouter les dernières nouvelles, et constitue un prélude agréable avant le repas. En Iran on dîne tard – généralement vers 21h ou 22h –, le chay bâ miveh (“thé avec des fruits”) permet donc de patienter un peu.
Le samovar objet venu de loin
Le samovar a toujours exercé sur moi une immense fascination. J’ai fini par en adopter un originaire d’Afghanistan (cf photo), voisin géographique et cousin culturel de l’Iran. Difficile de résister au charme du samovar, tant il séduit par son esthétique, mais avant tout par son histoire. Apparu en Russie au XVIIIe siècle, il s’est étendu à l’Asie centrale au gré des colonisations et des influences de son empire d’origine.
En Iran, on m’a également raconté une autre version concernant l’origine du samovar. Avant même son apparition en Russie, une sorte de samovar aurait été inventée en Iran à l’époque Safavide, destiné à la préparation du café par les “ghahveh chi“. Le samovar aurait ensuite été introduit en Russie par les marchands persans. Mais il existe aussi une autre version selon laquelle les Russes auraient reproduit un prototype existant en Chine, et encore une autre version selon laquelle Pierre Le Grand aurait ramené un samovar des Pays-Bas pour la première fois. Difficile de s’y retrouver.
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